En tant qu’hypno-thérapeute, je me suis aperçue au fil des années de la place majeure qu’occupait l’enfant qui se cache en chacun de nous. Il me semble désormais évident que, pour parvenir à accompagner correctement un consultant, on ne peut le faire sans aborder cette notion. Convaincus aujourd’hui d’être adultes et sans attache particulière au passé, les consultants se disent qu’ils ne voient pas la nécessité de “rendre visite” à ce petit personnage qui pourtant, d’après moi, joue un rôle dans tous les domaines de notre vie !
J’ai vu récemment un film merveilleux “les chatouilles”. La thématique est celle de l’abus sexuel sur l’enfant et l’histoire d’Odette reflète de manière poignante à quel point l’enfant blessé ne peut évoluer, pas plus que l’adulte , lequel est également dans l’incapacité de se sentir complet et heureux . Odette, une fois adulte, se maltraite, se sent incapable de s’attacher à un homme, s’adonne à la drogue, aux excès en tous genres.. Elle comprend en suivant une thérapie qu’elle a besoin de laisser s’exprimer une partie d‘elle, celle qui souffre intensément, afin de pouvoir VIVRE. Mais avant d’y parvenir, elle vit dans colère, elle est violente, excentrique, rebelle … pardonnez moi si je dévoile un peu trop ce film que je vous engage à regarder, mais à un moment donné, Odette va chercher son enfant intérieur qui lui répond “ça fait longtemps que je suis seule”…
Dans une thérapie orientée solution, je n’engage pas les consultants à ressasser inlassablement le passé, à le décortiquer, année après année. Je leur propose de s’ouvrir à cette partie d’eux-mêmes qui, pour x-raisons, continue à souffrir. Lui tendre la main et lui dire “je suis là pour toi”, “je te ramène dans mon présent”… Et sentir l’apaisement au fil du temps parce que la connexion se fait enfin. Donner la possibilité à l’enfant d’exprimer sa colère, son impuissance, sa tristesse. Lui donner la parole. Et sentir alors davantage d’apaisement dans la vie au quotidien. Porter cette partie blessée avec soi, en soi, la protéger et se sentir davantage en sécurité.
Et cette notion d’enfant intérieur s’avère utile dans presque TOUS les domaines : j’irai même jusqu’à dire qu’on a commencé à fumer un jour parce que cet enfant qui grandissait y a vu un moyen de s’appuyer sur quelque chose, de se réfugier dans la cigarette pour se donner de la “force”.. Quand nous mangeons compulsivement, quand nous buvons trop, quand nous devenons addicts au sport, quand la dépendance affective nous empêche d’être autonomes et de connaître des relations saines et équilibrées, c’est bien parce qu’il existe un grand vide en nous. Mais ce vide, ce trop-plein émotionnel, on ne souhaite pas l’entendre; On reste dans nos schémas limitants de dépendance sans bien comprendre pourquoi, on se sent piégés par la nourriture, l’alcool, une addiction quelle qu’elle soit, une relation toxique .. on ne se comprend pas, on se maltraite et on se fait du mal en se jugeant minables de ne pas parvenir à stopper un schéma qui semble ne pas faire ses preuves mais .. “c’est plus fort que nous”! Ce n’est pas vrai. Il s’agit surtout de se tourner vers l’intérieur de nous , vers notre intériorité profonde, de partir à la rencontre de nos parties souffrantes et blessées, de leur donner la parole. Quand on va voir à l’intérieur de soi, ça ébranle, certains souvenirs peuvent revenir à la surface, ou bien tout simplement les ressentis, le flot émotionnel encore bien vivace.
Forcément,, c’est parfois douloureux, mais a-t-on d‘autres choix pour se comprendre et faire la paix avec soi-même? Un enfant intérieur en colère , c’est un adulte qui lui aussi est en colère. Un enfant qui a manqué de reconnaissance, d’amour, de tendresse, qui ne s’est pas senti “aimable” au sens littéral du terme,c’est à dire digne d’être aimé, c’est un adulte qui va chercher à tout prix l’amour de soi chez l’autre, Un adulte qui se noie dans des relations toxiques, lesquelles sont parfois remplies de maltraitance. Mais c’est exactement la fausse croyance de l’enfant qui habite l’adulte : JE NE SUIS PAS DIGNE D’ÊTRE AIMÉ(E)! Alors je choisis quelqu’un qui ne me respecte pas, qui renforce cette croyance et me fait penser que l’amour, c’est pour les autres. Or, si je me connecte à mon “petit soi”, je peux aujourd’hui être son bon parent, il en va d’ailleurs de notre responsabilité que de l’être. Rassurer l’enfant, lui apprendre la douceur, le conforter dans le fait que OUI, il mérite d’être aimé et de s’aimer et qu’en aucun cas, il n’est nécessaire qu’il continue à se faire du mal pareillement.
La connexion à l’enfant intérieur n’est pas toujours simple : elle plonge parfois le consultant dans la peur, il s’instaure fréquemment des résistances, un refus de s’approcher de toutes nos blessures, résistances, qui sont d’ailleurs très utiles et que le thérapeute a tout intérêt à exploiter. Puis ces résistances s’allègent. Quand le consultant sent le bénéfice de se reconnecter au petit soi, alors c’est la vie dans son ensemble qui commence à devenir plus légère et fluide. Vivre sa vie d’adulte en gardant son âme d’enfant.. Avancer, pas à pas, vers l’amour inconditionnel de soi-même. Apprendre à s’accepter, avec nos forces et nos failles. Ne plus concevoir de manger trop, de boire trop, d ‘être dépendant de quoi que ce soit ou de qui que ce soit, se vouloir du bien à soi-même, se faire du bien en se respectant, voilà en somme les intérêts majeurs de la reconnexion du petit avec le grand .
Au risque de me répéter, je vous engage à regarder LES CHATOUILLES, d’abord parce qu’il reflète parfaitement bien la souffrance de ses enfants abîmés par les adultes , et ensuite pour ce qu’il permettra à chacun, du moins je l’espère, de comprendre de la notion d’enfant intérieur. J’ai rarement vu plus belle démonstration
Je dédie cet article à chaque enfant intérieur en nous.